Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

mercredi 30 janvier 2013

La puanteur de la décadence


Que notre société marche sur la tête, on s’en doutait déjà un peu. Que les médias y contribuent grandement, l’opinion publique en paraît d’ores et déjà convaincue. Dernier exemple en date : cette famille, un couple et un enfant accompagnés par un bénévole de l’association ATD Quart Monde, qui a été éconduite du musée d’Orsay en raison de l’odeur pestilentielle qu’elle dégageait sur son passage.
Par le truchement des associations, qui défendent bec et ongles leur fond de commerce, ainsi que de la « bienpensance droit-de-l’hommiste » qui ne manque jamais d’affleurer, cet incident est devenue une affaire d’Etat. Au point que la direction du musée a été fermement invitée en haut lieu à exprimer sa « peine » et que le ministère de la Culture a ordonné sur le champ un « rapport » tandis que Mme Filipetti "regrette" l'incident …

De quoi s’agit-il, en fait ? D’une prosaïque affaire d’hygiène qui a été promptement escamotée par les associations et autres gauchisants à tous crins en « racisme anti-pauvre ». On croit rêver ! Qui remet en question la faculté pour les familles démunies de s’enrichir culturellement et, notamment, de fréquenter les musées publics ? Absolument personne. Toutefois, à l'instar de n'importe quel lieu public, un musée comme celui d’Orsay comporte une foule de visiteurs. La moindre des choses est de ne pas incommoder son voisin par son manque d’hygiène corporelle. 
La moindre des choses ? Eh bien, non ! ATD Quart Monde n’a pas trouvé mieux que de controuver les faits en dénonçant une sorte de stigmatisation des personnes dans le besoin. Je suggère à cette association, qui prétend « agir pour la dignité », de comprendre que la première dignité est précisément de faire en sorte que les gens dont elle s’occupe soient propres de leur personne. Avant d’admirer Van Gogh et de respecter la culture, il importe que les gens se respectent eux-mêmes à travers leur hygiène. Et, au passage si ce n’est trop demander, respectent les autres.
Quant aux donneurs de leçons professionnels qui ne sont pas loin d’insinuer que l’odeur n’est qu’un prétexte et que les autres visiteurs, au fond, n’ont qu’à s’adapter, tout débat avec eux est superfétatoire. Une fois de plus, ce sont les fondements de notre société qui sont attaqués par le biais du relativisme, du soi-disant « racisme » ou de la prétendue « stigmatisation ». 

Une société de "crades", au sein de laquelle les gens propres doivent céder le pas à ceux qui ne le sont pas au nom de l’égalitarisme environnant et d'une loi de Gresham d'un genre nouveau : voilà bien le nouveau modèle français. Jadis, dans les cours d’instruction civique qui ont aujourd’hui disparu – jusqu’à l’adjectif « civique » d’ailleurs, auquel on préfère significativement aujourd’hui celui de « citoyen » qui fleure mieux la révolution et la revendication - l’instituteur apprenait aux enfants la dignité de soi à travers la morale laïque et la vie en société. Un enfant en mal d’hygiène n’aurait jamais été admis dans une salle de classe tout en étant encouragé à aller se laver. 
Aujourd’hui, il n’est plus du tout honteux d’être « dégueu ». D’ailleurs, dans les salles de classes, nos fameux « professeurs des écoles » ne sont pas toujours des exemples éclatants, de ce point de vue. Pis encore, la honte a changé de camp. Elle n’est plus celle des parents qui ont été incapables d'apprendre à leur enfant à être propre de sa personne. Pourtant, un peau d’eau et un morceau de savon coûtent moins cher qu’un téléphone portable. La honte n’est pas davantage celle d’associations dont on peut se demander jusqu’à quel point la raison d’être n’est pas de donner mauvaise conscience aux autres. La preuve : ATD a l'indécence d'attaquer en justice le musée d'Orsay !
La honte est surtout celle d’une société déboussolée. Cette odeur pestilentielle, qui a entraîné à juste raison l’indignation des visiteurs du musée d’Orsay comme elle provoque chaque jour la gêne d'usagers du métro parisien, est en quelque sorte la puanteur vénéneuse de notre propre décadence. C’est l’odeur de la France d’aujourd’hui.

mardi 29 janvier 2013

L' "eloquence" de Mme Taubira

On croit franchement rêver : dans sa frénésie de thuriféraire, une journaliste d'ITV n'a pas hésité à évoquer l'"art oratoire de Mme Taubira", à la suite de la présentation par la garde des Sceaux de son projet de loi sur le mariage homosexuel. Elle a même été jusqu'à s'émerveiller de ce que Mme Taubira parle à l'Assemblée nationale sans note, comme si ce n'était pas la moindre des choses pour un ministre de la république de connaître son dossier.

Oui, on croit rêver parce qu'en dehors de son arrogance, de sa suffisance, de son sectarisme et de son insupportable propension à la provocation rugueuse, on se demande en toute honnêteté quelle qualité on peut bien trouver à la ministre de la Justice. Il faut la comprendre, allèguent certains, c'est une militante. Soit ! Mais alors qu'a-t-elle à faire dans un ministère comme la Justice ? En la désignant, "Moi, Président" a-t-il oublié, à supposer qu'il l'ait jamais compris, qu'il était devenu fût-ce par défaut le président de tous les Français ? Il est vrai que la gauche au pouvoir n'entend gouverner que par la revanche, pour le seul "peuple de gauche", l'autre partie des Français ne comptant pas : au mieux des attardés, des archaïques, des égoïstes, voire des débiles.

L'art oratoire, disions-nous ? Quelle insulte pour tous les politiques qui savent s'exprimer sans avilir la langue française par des discours exsudant l'intolérance et la crispation idéologique. L'art oratoire véritable n'est pas le rejet systématique de toute opinion différente de la sienne. L'art oratoire ne consiste pas à agresser des ennemis imaginaires de la "patrie en danger" comme si l'on défendait une citadelle assiégée. L'art oratoire ne consiste pas à ânonner mécaniquement son credo au mépris des arguments de ses contradicteurs. L'art oratoire ne saurait s'identifier à l'insulte même si Mme Taubira, dans son aveuglement sectaire, s'y complaît sans le moindre complexe. Tout en criant elle-même à l'intolérance, bien sûr.

C'est bien ce qui s'est passé lors de l'ouverture du débat parlementaire sur le mariage homosexuel lorsque Mme Taubira, sur ce ton de militante sectaire qui lui est propre, a taxé sans ambages d'intolérance l'opposition de droite. C'est d'ailleurs le réflexe habituel des socialistes qui retrouvent leurs accents de donneurs de leçons tout en ne souffrant aucune forme d'opposition, dès lors qu'ils sont majoritaires sur le plan politique. A fortiori aujourd'hui alors qu'ils contrôlent entièrement l'exécutif, le législatif ainsi que l'essentiel des institutions locales.

Gageons que ce réflexe méprisant réapparaîtra lors d'un éventuel débat à venir sur la PMA, sur la GPA voire sur le vote des étrangers aux élections locales. Il passera avec d'autant moins d'indignation que l'opposition de droite restera inhibée, cantonnée à son indigence et à sa frilosité actuelles. En attendant, on n'en aura pas fini de sitôt d'entendre tel ou tel journaliste-propagandiste s'émerveiller devant les soi-disant talents oratoires de Mme Taubira.

lundi 28 janvier 2013

Politiquement correct (II)


Retour sur ce sondage Ipsos-Le Monde, « France 2013 : les nouvelles fractures » qui aura laissé le monde journalistique si indifférent. Il n’y a rien de surprenant, d’ailleurs, dans la mesure où dans ce même sondage, 72% de Français jugent que les journalistes sont coupés des réalités …
Hormis, Le Figaro, il y eut tout de même Le Monde pour commenter cette enquête. Ces commentaires ont oscillé entre un soi-disant alarmisme antiraciste dont la gauche française s’est fait le dépositaire exclusif et la dénonciation tout aussi classique de « crispations identitaires » voire d’un « poujadisme » ambiant. En somme, le peuple est devenu populiste. Un comble, n’est-ce pas ? 
Fidèle à ses habitudes, le journal du soir a convoqué un intellectuel de renom, Michel Winock, pour appuyer ses commentaires. Et l’historien n’y a pas été de main morte en dénonçant l’« état d’esprit délétère » des Français ; tout en ne résistant pas à la tentation de comparer le sort réservé aux musulmans dans notre pays avec la situation faite aux juifs en 1933 …
Eh oui ! La retraite universitaire peut être, elle aussi, une sorte de naufrage. On connaissait Michel Winock plus mesuré en temps habituel, en tout cas incapable de se lancer dans ce genre de comparaison tout à fait indigne. La France serait-elle l’Allemagne de 1933 ? Et qui seraient nos nouveaux Hitler, Himmler et autres Rosenberg ? Ah oui, bien sûr, c’était Sarkozy. Malheureusement il n’est plus là donc il ne peut plus servir à tort et à travers.
Dans sa frénésie victimaire des musulmans qui n’a d’égal que sa volonté de banaliser le génocide juif, M.Winock aura sans doute oublié au passage cette histoire qui lui est si chère : les Juifs n’ont jamais déboulé sur la France en toute illégalité dans le but de s’y enraciner ; pas plus qu’ils n’ont pratiqué le terrorisme ; pas plus qu’ils n’ont jamais joué avec l’idée d’imposer la loi mosaïque sur notre territoire …
Cela étant, M. Winock n’est pas en soi une aberration dans un pays qui, depuis des mois, soutient que le président égyptien Morsi est un interlocuteur valable, pas anti-occidental pour un sou, modéré et tout et tout … modéré comme le Hamas dans la bande de Gaza. Bien sûr, M. Morsi s’est laissé aller à quelques écarts de langage en traitant les juifs de « fils de singes et de porcs ». Mais qui en a parlé en France ? Aux Etats-Unis, Mme Clinton a aussitôt condamné ces propos scandaleux. On attend encore la réaction de M. Fabius. Gageons qu’on peut encore attendre longtemps.
Oui, décidément, le monde journalistique est coupé des réalités. L’intelligentsia ne vaut guère mieux, confite dans ses certitudes arrogantes. L’ennui pour ces braves gens est que le peuple ne marche pas ou plus. Il sait bien que c’est au nom de l’islam que des statues de Banian ont été détruites en Afghanistan, que des bibliothèques sont détruites aujourd’hui au Mali. On aimerait entendre les musulmans modérés de chez nous, en dehors du recteur Dalil Boubakeur, hurler au scandale. Mais leur silence reste assourdissant.
Qu’il suive ou non Mme Le Pen, le peuple se chargera bien de faire comprendre à ceux qui se croient encore des leaders d’opinion qu’il n’est pas dupe. Ridicules et dérisoires seront alors ceux qui défileront à la Bastille en éructant « le fascisme ne passera pas ! »

samedi 26 janvier 2013

Politiquement correct

Nous vivons dans une société ouverte et pluraliste, paraît-il. Il n'empêche que tout ce qui n'entre pas dans le moule du politiquement correct se trouve systématiquement marginalisé sinon occulté. Et tant pis si ce politiquement correct est dicté par une minorité.

Le dernier exemple en date remonte à hier seulement, avec un sondage dont aucune radio ou télévision n'a cru bon de faire état. La presse écrite, pas davantage à l'exception du Figaro. Auto-censure ? La mauvaise pensée que voilà. Simplement l'application d'un principe qu'un journaliste de gauche m'a récemment exposé en toute impudence : toute vérité n'est pas bonne à dire. Traduisez évidemment : toute vérité qui dérange mes a priori et présupposés. Quand la réalité dérange, eh bien changeons la réalité ou faisons comme si elle n'existait pas, même si c'était bien ce bon vieux Marx qui avait parlé en son temps de "faits têtus".

Et quand c'est le peuple qui dérange, on change de peuple ? ce qui nous ramène à ce sondage d'Ipsos commandé par Le Monde. Il en ressort que près de trois Français sur quatre estiment que l'islam n'est pas compatible avec les valeurs républicaines. Déjà les mauvaises langues prétendent que le quatrième Français serait un musulman ...

Mine de rien, c'est une gifle monumentale adressée au politiquement correct, à tous ces négationnistes d'une réalité tangible, à tous ces faux-culs apeurés qui tremblent devant leur ombre, à tous ces imposteurs du PS qui ont cru pouvoir se servir en toute impunité du "théorème de Boniface" (devenons pro-arabes puisque la réalité sociologique de la France est en train de changer, cela sera payant électoralement), à tous ces faussaires de l'INSEE ou de l'INED qui se sont évertués pendant des décennies à nier l'ampleur de l'immigration comme ses conséquences.

Généralement, quand on tient ce langage, on se fait traiter de lepéniste, le terrorisme intellectuel ambiant se chargeant du reste. Mais cela ne suffira plus désormais. Les Français ont conservé suffisamment de bon sens pour dire : Stop ! Assez de ces provocations du voile islamique, du diktat hallal dans nos cantines scolaires ou autres ! Assez de ce double jeu des intellectuels musulmans qui se disent intégrés tout en se gardant bien de condamner les terroristes sous prétexte qu'il s'agit de leurs frères. Assez de cette émasculation intellectuelle, historique ou morale de la France.

Commentant ce sondage, Le Figaro a interviewé un certain Youssef Seddik qui se présente comme un philosophe et un anthropologue, ce qui devrait suffire à lui attirer les faveurs aveugles de nos intellectuels pétitionnaires de service. Ce monsieur est parfaitement intégré, assure-t-il. La preuve? Un de ses fils est patron de banque tandis que les autres fréquentent les écoles de commerce voire Normale Sup.

Le problème est qu'il existe une contre-preuve qui ressort des propos même de ce philosophe-anthropologue. Selon lui, les Français sont abusés par des siècles de fantasmes et de haine qu'entretiennent des boutefeux irascibles. Et de se demander benoîtement pourquoi l'islam fait peur et devient aujourd'hui synonyme d'intolérance. Oui pourquoi ? Le 11 septembre, une illusion ? les attentats passés à Paris une, chimère ? Nos otages exécutés en Somalie et ailleurs en terre musulmane, un malentendu ?

A en croire ce monsieur, l'islam est un monothéisme comme un autre qui coexiste sans problème. Sans doute, mais il a dû oublier au passage la situation des Chrétiens dans les pays musulmans sans même parler des Juifs qui ont quasiment disparu du paysage. Cela ne l'empêche pas de délivrer à notre pays un avertissement sans frais : "La société française a intérêt, avec 25 millions de musulmans sur le Vieux Continent, à pacifier les choses". Qu'il continue ainsi et il est à parier qu'un prochain sondage sur ce même thème montrera qu'ils seront pratiquement quatre Français sur quatre de confession non musulmane à faire un rejet de l'islam.   

vendredi 25 janvier 2013

Erreurs de casting

Concédons volontiers qu'il n'a jamais été si simple de constituer un gouvernement avec les indispensables dosages, politiques, régionaux voire de parité. Il est pourtant des erreurs qui pourraient être facilement évitées, à droite comme à gauche d'ailleurs, au nom d'un simple bon sens.

Ainsi de la pathétique Rama Yade qui n'en finit plus de conjuguer "cracher dans la soupe" à tous les temps. Sarkozyste zélée tant que cela servait ses intérêts, la voici à présent qui s'interroge et pratique la critique rétrospective, la plus commode entre toutes. Un peu tard, non ? Que n'eut-elle pas ce genre de scrupule au temps où elle était Secrétaire d'Etat ! Elle se contentait alors de ferrailler contre son ministre de tutelle, Bernard Kouchner, qui la détestait cordialement. Elle faisait également entendre sa différence lors de la visite de feu Khadafi en France, montrant ainsi qu'elle ne comprenait rien à rien aux affaires d'Etat : si elle tenait tant à jouer les belles âmes, pourquoi donc ne pas avoir quitté le gouvernement à ce moment là ? Mais non ! Mme Yade lorgnait un authentique portefeuille de ministre, rien de moins. En toute équité, elle aurait dû plutôt s'estimer chanceuse d'être sur son strapontin par la faveur de N. Sarkozy. Et ce, alors même que ses capacités politiques étaient plus que restreintes et que le charme féminin - dont elle savait jouer si subtilement - ne pourrait toujours donner le change. Aujourd'hui, Mme Yade n'a plus rien et elle s'étonne du discrédit qui est aujourd'hui le sien. Pour ma part, je m'étonne qu'elle s'étonne ...

Le cas de Chantal Jouanno paraît analogue, si ce n'est que cette dame a les dents encore plus longues et ne le cache même plus. On la sent prête à tout pour y arriver : trahison, croc-en-jambes, intox. Elle non plus n'a pas compris qu'elle ne pesait plus très lourd, hors des faveurs de sa formation politique d'origine. L'électeur sera toujours plus difficile à convaincre qu'un cercle d'affidés.

Reste le cas de l'actuelle Garde des Sceaux. Toutes les biographies la présentent comme une authentique ex-indépendantiste guyanaise. Mme Taubira a-t-elle conservé ses convictions originelles? Si ce n'était plus le cas, il serait intéressant de savoir sur quels fondements elle a abjuré une foi indépendantiste qui paraissait si bien ancrée. Mais si c'était encore le cas, qu'il eut été déraisonnable de nommer à un poste de ministre régalien de la République une personne qui ne rêvait que de se débarrasser de la France ! On présumerait à bon droit qu'un ministère des Postes, à condition qu'il en existât encore, eut été amplement suffisant. Pour ma part, j'estime que nommer Mme Taubira à la Justice est aussi incongru qu'eut été naguère la nomination de Jean-Guy Talamoni - avocat et indépendantiste corse bien connu qui parlait de l'"Etat français" comme d'un corps étranger - au ministère de l'Intérieur. Un indice, tout de même, pour percer le mystère Taubira et il n'est pas spécialement de bon augure : son aplomb sectaire et son arrogance impavide qui rappellent furieusement ce socialisme de 1981 qu'elle doit sans doute regretter de ne pas avoir vécu de plus près. En particulier, cette réflexion de l'inénarrable André Laignel qui pourrait aisément lui servir de devise place Vendôme : "Vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaires".

Des erreurs de casting comme celles de Rama Yade et de Chantal Jouanno - auxquelles on pourrait aisément ajouter celle de Cécile Duflot - si banalement arriviste pour s'en tenir à un mode mineur - font sourire ou provoquent la consternation selon les cas. Celle de Christiane Taubira attirerait, elle aussi, une sorte de compassion amusée si elle était uniquement le problème des socialistes au pouvoir. C'est hélas aussi le nôtre.

samedi 19 janvier 2013

Imad Ibn Ziaten, ce héros français

Son nom n'est pas connu du public alors que celui de Mohamed Merah retentit encore dans les mémoires comme des coups de feux haineux et absurdes. Bien sûr, les médias n'ont pas le temps, coincés qu'ils sont entre la guerre au Mali, la prise d'otages en Algérie voire les soi-disant révélations de Lance Armstrong.

Et pourtant, Imad Ibn Ziaten est un authentique héros. Pas un héros de carton pâte ou sur celluloïd. Mais un de ces héros qui font honneur au genre humain et, en l'occurrence, à la France dont il n'aura cessé de se réclamer avec fierté. Imad Ibn Ziaten a été lâchement exécuté et il est mort en homme, avec tout ce que cela recèle de courage et d'estime de soi. Il a refusé de s'allonger devant Merah, ainsi que celui-ci le lui ordonnait. Avant de recevoir les coups de feu fatals, il a regardé son assassin droit dans les yeux : sans doute avec cette nuance de mépris que méritent les lâches, les tueurs d'enfant de sang-froid, hurleurs fanatiques de "Allah Akhbar".

Imad Ibn Ziaten était parachustiste dans l'armée française. Evidemment, ce n'est guère très populaire auprès des beaux esprits qui exsudent depuis des décennies leur dégoût du colonialisme et de l'armée, et monopolisent de ce fait les antennes. Evidemment, il n'était pas ce que les Beatles appelaient naguère un working class hero. Ziaten était simplement un homme du rang qui faisait son devoir en toute conscience et qui avait choisi de servir la France.

"Servir", un verbe qui s'est démonétisé avec le temps." La France", un pays dont on nie les origines au nom de minorités qui savent de longue date manier le terrorisme intellectuel. Pas étonnant que la presse n'ait pas le temps d'y consacrer fût-ce quelques lignes élogieuses ou quelques minutes à la radio ou à la télévision. Les pouvoirs publics ont décerné à Imad Ibn Ziaten à titre posthume la Légion d'Honneur, ce qui ne le fera pas revenir même si ce n'est pas rien. Mais la société, elle, n'aurait-elle pas un peu de temps pour honorer ce héros qui nous a lui-même honorés, entre un reality show et Qui veut gagner des millions ? Une société dont l'attirance vénéneuse pour le mal et la facilité dans l'abjection lui ont fait oublier qu'il existe encore des gens biens qui savent mourir debout.

jeudi 17 janvier 2013

Du cynisme bien tempéré

Appelons les choses par leur nom, ce qu'on a malheureusement oublié de nos jours. Les événements dramatiques d'Algérie sont un véritable scandale. Le désastre de l'intervention des forces algériennes, qui a causé la mort de plusieurs dizaines d'otages étrangers, a fait réagir Washington, Londres et Tokyo qui se sont montrés plus que critiques au-delà des précautions diplomatiques d'usage. En revanche, il ne semble pas perturber plus que cela la France, non seulement son gouvernement mais ses faiseurs d'opinion.

Que n'entend-on pas avec effarement sur les ondes françaises ! Que l'Algérie n'avait pas le choix. Que c'était pour elle une question de souveraineté. Qu'elle avait subi la dure expérience du terrorisme. Que son habitude est de ne traiter à aucun prix avec les terroristes : une habitude, quasiment une tradition culturelle. On ne va tout de même pas s'aviser de critiquer une telle tradition. De même qu'on ne va pas critiquer l'unilatéralisme d'Alger et l'absence de communication avec les pays concernés dans l'intervention désastreuse. Et s'il y a plusieurs dizaines d'otages à faire passer par pertes et profits, eh bien tant pis. Ils étaient là tout simplement au mauvais endroit au mauvais moment.

D'ailleurs, a-t-on entendu dire du côté français, à quelque chose malheur est bon. En effet, ce désastre humain ne devrait pas manquer de faciliter la mobilisation internationale autour de la France dans l'intervention au Mali...

Ce cynisme bon marché émane d'un pays, la France, qui a perdu sa personnalité et son courage au point de trembler d'effroi dès qu'il s'agit de l'Algérie. Que de fausses culpabilités et de lâchetés avons-nous accumulé pour en arriver là ! Ici, on mange notre chapeau en laissant accréditer l'idée que nous n'aurions commis que des atrocités en Algérie au temps de la colonisation. Là, on laisse massacrer ses propres ressortissants qui ont été proprement sacrifiés par les autorités algériennes sur l'autel de leurs intérêts locaux. Quoiqu'il advienne, surtout ne pas critiquer l'Algérie, avec laquelle nous entretenons des "relations historiques privilégiées" depuis des années. Même si ces relations soi-disant spéciales nous valent, côté algérien, des condamnations régulières pour "génocide" et des appels à la repentance.

On demeure confondu quand on pense que l'affaire Merah avait entraîné une suspicion sans nom à l'égard de ceux qui avaient décidé l'opération de neutralisation d'un terroriste tueur d'enfants. En revanche, on fait aujourd'hui silence envers ceux qui, à Alger, ont décidé d'une opération aussi meurtrière. Une opération d'autant plus expéditive qu'il n'y a pas eu un seul ressortissant algérien à avoir laissé la vie dans l'opération. Faut-il croire que nous "expions", là encore, notre passé ?

Décidément, la France n'a pas les tripes de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis ou du Japon. Et ce n'est pas l'intervention de matamore au Mali, préparée avec un amateurisme consternant, qui démontrera le contraire. Une intervention qui ne tardera d'ailleurs pas à être dénoncée par l'opinion publique à la suite du désastre algérien. "En avoir ou pas", disait naguère André Malraux. Et Léo Ferré lui répondait comme en écho à propos des Français : "... un peuple repus rotant tout seul dans sa mangeoire".

mercredi 16 janvier 2013

La presse et le complexe des élites

Entendu ce matin sur une radio honorable de la part d'un journaliste-présentateur non moins honorable. Le débat tournait autour du mariage des homosexuels et de la manifestation du 13 janvier dernier. D'une condescendance ironique, le journaliste-présentateur ne put s'empêcher de lâcher à son invité : "Mais enfin, Frigide Barjot, ce n'est pas Lévi-Strauss ..."

Frigide Barjot est aujourd'hui bien connue pour être l'"égérie des opposants" à ce qu'il est convenu, par la majorité de gauche, d'appeler le "mariage pour tous". Comme si, d'ailleurs, il était injurieux de parler ouvertement de mariage homosexuel. Mme Barjot est par ailleurs l'une des organisatrices de la susdite "Manif pour tous".

Que Mme Barjot ne soit pas Lévi-Strauss est ce qu'on appelle un truisme. So what ? Sa crédibilité pour la cause qu'elle défend serait-elle entachée sous prétexte qu'elle n'a ni l'intellect, ni les références universitaires ni l'aura du regretté sociologue académicien ? En clair, de quoi se mêle-t-elle cette moins que rien ? Comment ose-t-elle défrayer la chronique alors qu'elle n'a pas "qualité" - ni les diplômes, ni le prestige germano-pratin" - pour le faire ?

De nos jours, certains journalistes français s'autoproclament les censeurs sourcilleux du bon goût, du politiquement correct et de la consécration des élites. Sans leur consentement voire leur adoubement, nul ne saurait accéder à cette catégorie qu'ils tiennent pour le nec plus ultra : que valent par comparaison ceux qui ont réussi par leur intelligence entrepreneuriale ? Que valent ces anonymes tout juste sortis d'une multitude dont, au fond, ils n'auraient jamais dû s'extraire ?

Tous comptes faits, je n'ai pas le sentiment que le journaliste-présentateur de ce matin soit "plus Lévi-Strauss" que la personne objet de son mépris. Il n'est que de consulter son CV pour le moins chétif et caractérisé pour l'essentiel par un diplôme de professeur d'histoire certifié. Il n'empêche qu'il use avec insolence du ton de celui qui croit en faire partie. Il en use et en abuse. Sans doute d'ailleurs, ne serait-ce qu'auprès des gens de bon sens, finit-il par s'abuser lui-même...

mercredi 9 janvier 2013

"Modèle" français ?

Personne n'a osé le commenter en France mais les étrangers sourient sans doute, avec une pointe de commisération, lorsque Jean-Marc Ayrault évoque un nouveau "modèle français". Pourquoi nouveau, d'ailleurs ? En existait-il un dans le passé dont nous n'aurions pas été informés ? 

Le premier ministre a-t-il en tête les droits de l'homme dont nous avons l'habitude de nous autoproclamer la "patrie" ? Mais il aura oublié au passage l'Angleterre de l'Habeas Corpus qui nous aura largement précédé en ce domaine. Il aura également passé sous silence les performances peu flatteuses de notre pays en matière de droits de l'homme si l'on en croit les condamnations récurrentes dont notre pays fait l'objet de la part des instances internationales.

M. Ayrault veut-il parler de cette "révolution permanente" que certains à gauche ne se résignent pas à effacer de leur ordre du jour ? Le président Hollande qui n'aime pas les riches et ambitionnait naguère de faire rendre gorge à la finance internationale ? M. Montebourg qui rêve de laisser son nom aux "nationalisations punitives", mélange ineffable de 1945 et 1793 ? M. Mélenchon qui se prend pour la réincarnation de Robespierre avec l'antimondialisation en plus ? M. Besancenot qui se prend, lui, pour Fouquier-Tinville et veut faire traduire en justice, après avoir confisqué leurs biens, ces patrons qu'il traite indifféremment de "voyous" ou de "vautours" ?

Pense-t-il à tout cela notre chef de gouvernement lorsqu'en parfait adepte de la méthode Coué, il parle de "modèle" français ? Auquel cas, il se trompe lourdement et ses amis, politiques et journalistes, seraient bien inspirés de le lui dire. La France ne fascine plus personne de nos jours. On ne lui envie ni ses déficits vertigineux, ni son chômage, ni ses taxes pénalisantes dont la gauche a décidément le secret  : étant entendu qu'il n'y a pas de problèmes qui ne puissent se résoudre par la création d'un impôt. On ne lui envie pas non plus la dilapidation anarchique de son tissu industriel. On ne lui envie surtout pas son égalitarisme aussi épidermique que niveleur qui décourage les élites et, d'une manière générale, ceux qui osent prendre des initiatives ou travailler davantage que le minimum syndical. 

Non, cette France-là qui se défie de la réussite et de l'argent, personne de sensé ne peut l'envier. Et ce, d'autant plus qu'elle est vantée sur le ton de l'arrogance et de la suffisance. Comme s'il était avéré que notre pays dusse préempter ce rôle pathétique de donneur de leçons au monde entier.

Il faudrait également dire au premier ministre que le héraut - sans mauvais jeu de mot - d'un "modèle" est d'abord celui qui sait entraîner, enthousiasmer, galvaniser. Et qu'en débitant ses discours sur ce ton monocorde, soporifique et désespérément dénué de conviction qui lui est si caractéristique, il ne saurait être cet homme-là. A moins, bien sûr, que le style ne rejoigne le fond et que ce "modèle" ubuesque n'ait finalement trouvé son illustrateur idéal ...