La
vraie question pour les Juifs est de savoir quand leur situation deviendra
réellement intenable en France.
Inutile de gaspiller
son temps à épiloguer sur les dernières manifestations pro-palestiniennes de
Paris. Seuls les naïfs ou les crédules peuvent nier, aujourd’hui encore plus qu’hier,
que la soi-disant défense du peuple palestinien dissimule un antijudaïsme
patenté.
Erreur, s’empresseront
d’objecter certains puristes soi-disant antiracistes dont le silence a été
assourdissant face aux déprédations exceptionnellement graves commises à
Sarcelles – des « hordes de sauvages », le président de l’Assemblée
nationale Claude Bartolone dixit – comme aux menaces directes contre des
synagogues. Il ne s’agit pas d’antisémitisme mais d’antisionisme. Ah ! La
belle distinction, qu’on nous ressert rituellement depuis des années …
Cette distinction ne
dupera que les incultes qui ignorent ce qu’est le sionisme. Le sionisme est un
mouvement né au XIXe siècle qui prônait le retour des Juifs, surtout ceux d’Europe
persécutés, sur leur terre ancestrale. Une terre dont il n’est sans doute pas inutile
de rappeler qu’elle s’appelait Judée avant que les Romains, pour punir les
Juifs, ne la débaptisent pour la renommer Palestine... et avant que
les Arabes ne viennent l’envahir par les armes à la suite de la prédication de
Mahomet.
En conséquence, se
proclamer antisioniste équivaut rien moins qu’à s’inscrire en faux contre le
retour des Juifs sur leur terre et partant, à contester l’existence et la
légitimité de l’Etat d’Israël. Que les Arabes brandissent l’antisionisme depuis
des lustres n’est guère étonnant puisqu’ils ont toujours nié l’existence de l’Etat
hébreu, contrairement à la communauté internationale. Mais il faut savoir que
les élus de la République, ceints ostensiblement de l’écharpe tricolore, qui défilent
dans les manifestations pro-palestiniennes se prononcent de facto contre l’existence
d’Israël : n’est-ce pas MM. Cherki, Galut et consorts ?
Soit, mais est-ce
beaucoup demander que d’appeler les choses par leur nom et de cesser l’hypocrisie ?
Ceux qui manifestent réclament implicitement la disparition d’Israël et le
retour à la situation ante-1948 où les Juifs pouvaient se faire massacrer dans
l’indifférence générale : y compris celle de la Société des Nations,
ancêtre de l’ONU dont l’actuelle directrice de la Commission des Droits de l’Homme
a le front d’accuser aujourd’hui Israël de « crimes de guerre »,
alors même qu’elle reste muette face aux agissements de la Syrie et aux
persécutions des Chrétiens d’Orient.
Point n’est d’ailleurs
besoin de se lancer dans de grandes théories. Il suffit d’écouter ce qui se dit
au quotidien dans la rue, comme cette conversation dont j’ai été témoin dans un
café prétendument intellectuel du VIe arrondissement de Paris. Le protagoniste,
un vieux gandin aux cheveux aussi longs que blancs qui sentait à mille lieues cette intelligentsia-universitariste bien
connue depuis mai 68, se déchaîna dans ses propos non seulement contre
Israël, cet « Etat fasciste » dont il a contesté l’existence, mais
aussi contre les Juifs qu'il se laissa aller à qualifier de « race pourrie » …
On n'était plus dans le registre de la théorie ou de l'analyse mais bien dans celui de la haine. Lui aussi, cet "intellectuel", cassait du Juif mais avec encore plus de violence que la racaille de banlieue qui, elle au-moins, a l'excuse de l'ignorance.
Nous y voilà donc. Une parole antisémite désormais décomplexée qui se répand inexorablement et dont il
ne faut pas chercher bien loin les principaux fauteurs : non plus seulement l'extrême-droite, paratonnerre bien commode, non plus seulement une partie (sans doute pas minoritaire) de la communauté arabo-islamique mais toute l'extrême-gauche e,t notamment, ces
intellectuels de gauche auto-proclamés antiracistes – le gandin susdit dont j'écoutais les propos se réclamait ouvertement, ce qui n'était guère fortuit, du philosophe Edgar Morin - qui gouvernent la société
civile à coups de terrorisme idéologique.
Dans notre pays, on
ne peut même plus commenter, ce qu’il est loisible à tout un chacun d’observer au quotidien,
que nos prétoires correctionnels sont essentiellement peuplés de mis en cause d’origine
noire ou arabe, sans être sous le coup d’une justice que « les
associations » s’empresseront de saisir sur le ton de l’indignation. Quelle chaîne d'information a révélé l'origine de l'agression perpétrée récemment contre trois rugbymen clermontois ? En
revanche, on peut crier en toute impunité ou quasiment « mort aux Juifs »
dans les rues de Paris. On peut également brandir sans risque le drapeau d’organisations
qualifiées de « terroristes » par la France comme par l’Union
européenne : je veux parler du Hamas et du Djihad islamique.
Il n’est pas possible
de manifester, fût-ce pacifiquement, contre le mariage homosexuel sous peine de
se voir aussitôt embastillé. En revanche, des élus socialistes pourront s’exhiber
sans sourciller, et sans la moindre sanction de leur parti, dans une
manifestation interdite par les pouvoirs publics. De même, un élu écologiste parisien
pourra trouver normal, et le proclamer devant les médias, qu’il est normal de s’en
prendre à des synagogues vu qu’elles se comportent « comme des ambassades ».
Et tant pis, au passage, pour la belle distinction antisionisme – antisémitisme. Car si une synagogue est assimilée à une ambassade c'est à dire à un lieu politique, cela signifie au cas particulier que l'anti-judaïsme se confond avec l'anti-sionisme.
Le phénomène se
constate hélas au quotidien : la France ne dispose plus d’un Etat qui
sache se faire respecter. On transgresse ses interdits, on nie ses lois, on
insulte et agresse sans le moindre retour de bâton – a fortiori avec la loi pénale
concoctée par Madame Taubira pour mieux casser encore cette France qu’elle
méprise en tant qu’indépendantiste guyanaise - les représentants de l’ordre.
Pire encore aujourd’hui, une grande partie de sa population – gaucho-islamiste,
pour la caractériser par son nom - ne craint plus d’imposer ses propres lois et
règles. Si la transgression permanente est sa raison d’être, l’antijudaïsme est
sa tentation de moins en moins cachée.
Oui, avouons-le, pour
les Juifs de France le moment semble presque venu de reconnaître que tout est fichu. C’est
bien dommage, mais nous qui avons appris de l’Histoire, de Vichy, de la
collaboration et de ses délateurs, de tous ces complices de la rafle du Vel d’Hiv, on ne tient pas spécialement à
connaître la fin du scénario. Voyez-vous, on a déjà donné.