Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

mardi 14 octobre 2014

Haro sur Zemmour !


D'une violence rarement atteinte jusque-là, la levée de boucliers contre Eric Zemmour fait consensus chez les élites. Elle n'en revêt pas moins des aspects nauséabonds. 

Il est assez pathétique de voir la gauche française, engluée dans son incompétence désormais notoire à gouverner le pays et dans des scandales en tous genres – de Cahuzac à Trierweiler en passant par Thévenoud – chercher à toute force des diversions, à seule fin de détourner l’attention d’une opinion publique devenue hostile.

On imagine, de ce point de vue, que le retour de Sarkozy aura été une bénédiction pour elle. Mais les gens de gauche qui se réjouissent à l’avance des difficultés d’un tel retour devraient toutefois bien réfléchir. Que leur apporterait, au fond, un échec éventuel de Sarkozy sinon la disparition de leur meilleur repoussoir, de leur meilleur mobilisateur à supposer d'ailleurs qu'il reste quelque chose à mobiliser ? On présume qu'ils n'auraient pas les mêmes arguments, le même réflexe viscéral de rejet à l'encontre d'un Alain Juppé.

Dans une telle éventualité de l'effondrement de Sarkozy, il existe toutefois un remplaçant tout trouvé en tant que paratonnerre chargé de focaliser la bile et la haine. Il s’appelle Eric Zemmour. Ses chroniques ou débats à la radio et à la télévision lui ont déjà valu au fil des années d'innombrables d’ennemis. Ses brûlots littéraires, dont son dernier essai « Le suicide de la France », bien davantage encore : un vrai consensus des élites bien-pensantes, celles qui savent si bien faire fi de leurs rivalités et former le carré quand elles se sentent en danger.

Pour les moins hargneux, Zemmour ne sait pas ce qu’il dit ou n'est qu'un opportuniste soucieux de l'audimat ou de ses ventes en librairie. Quelle légitimité a-t-il pour s’exprimer sur ces sujets ? Il est vrai qu'il n'est ni un énarque ni un "héritier" - au sens où l'entendait Bourdieu - et que la réflexion, chez nous, semble confisquée par une caste qui s'auto-légitime en permanence à force de manier le politiquement correct comme les renvois d'ascenseur. Pour d’autres, il exonérerait purement et simplement le régime de Vichy de sa politique antisémite. Pour d’autres encore, il se réjouirait du désastre actuel de la France. Pour d’autres enfin, tel Jacques Attali récemment sur BFM, Zemmour ne serait rien d’autre qu’ "un juif  antisémite ". Le pire mais pas un imbécile, a-t-il eu soin de préciser.

Ah, Attali en donneur de leçons et de médailles, cela fait rêver ! Mais il est des leçons qu’on ne reçoit pas de n’importe qui : d’un banquier raté, par exemple, qui reste la honte de la BERD - la Banque européenne de reconstruction et de développement - tant sa "gestion" à la tête de cette banque fut aussi arrogante que calamiteuse (mais qui s'en souvient ?) ; ou d’un auteur à succès qui fut en son temps convaincu de plagiat (par décision de justice mais qui aurait aujourd'hui l'indélicatesse de le lui rappeler ?) ; ou d’un conseiller spécial de ce chef de l'Etat qui avait été décoré de la francisque et frayait ouvertement avec René Bousquet. 

Entre Zemmour et Attali, qui est le plus honorable des deux ? Qui est le plus « juif antisémite des deux » ? Poser ces questions revient à y répondre.  

Pour revenir à Zemmour, il y a tout de même un problème pour ses détracteurs : il ne saurait être tenu sérieusement pour responsable de la dette colossale de la France, de ses déficits et encore moins du chômage. On ne saurait lui imputer sérieusement le « bilan », comme on le fait avec gourmandise envers Sarkozy. En outre, il ne peut être taxé d'essayiste marginal. Le bougre est connu, hyper-médiatisé, fait la couverture des magazines et son dernier ouvrage se vend au rythme de 5 000 exemplaires par jour. Habitué des radios et des télés, il en joue admirablement au mieux de ses intérêts, comme le font couramment des Alain Minc autres Régis Debray, soit dit au passage. Dans le cas de Minc et de Debray, on dit que c'est bien naturel. Dans le cas de Zemmour, on n'est pas loin de penser que c'est une circonstance aggravante.

Alors, pour le déconsidérer on grossit le trait exagérément – comme d’habitude, plus c’est gros et plus ça passe – on affabule, on invente à tour de bras. L'ex-pharmacienne et impayable Roselyne Bachelot, hantée sans doute d'en être réduite à sa vacuité naturelle, affecte même ouvertement de s'inquiéter du "phénomène Zemmour". On peut la comprendre : s'est-on jamais inquiété de la "farce Bachelot" ?Jean-Michel Cambadélis, lui, évoque une " zemmourisation de la société". Il est vrai que son passé judiciaire un peu chargé - n'a-t-il pas été condamné en 2000 puis en 2006 à respectivement 6 mois et 5 mois de prison avec sursis pour emplois fictifs assortis d'un enrichissement personnel ? - le qualifie tout particulièrement à lancer des anathèmes ...

Pourtant, on se le demande, en quoi diagnostiquer la faillite actuelle de la France équivaudrait à conspirer contre elle ? La critique serait-elle donc prohibée dans notre beau pays des droits de l'homme au motif qu’elle désobligerait une certaine élite ? Cette élite, vous savez, celle qui devient de plus en plus minoritaire mais continue de faire sa loi et de multiplier les oukazes bien au-delà du monde intellectuel, en sa qualité de détentrice exclusive et universelle du Bien, du Beau et du juste. 

Quant au procès en antisémitisme, que vient-il faire dans cette affaire ? On ne sache pas que Zemmour s'exprime dans ses ouvrages ou sur les ondes en tant que juif. Serait-on revenu au temps où l’extrême-droite ramenait les Juifs à leur seule dimension confessionnelle ? Et là, ce n'est pas l'extrême-droite qui est en cause. Celle-ci jubile, trop heureuse de savourer la publicité gratuite que fait à Jean-Marie Le Pen l'homme de gauche Serge Moati (au fait, il est juif aussi, M. Attali).

Il y a ainsi beaucoup de relents nauséabonds dans cette levée de boucliers contre Eric Zemmour. Notez que, d’un certain point de vue, il serait presque élogieux de se faire injurier par un Aymeric Caron ou par une Anne-Elisabeth Lemoine, cette chroniqueuse médiocre qui fraya longtemps avec le soi-disant humoriste Mustapha el Atrassi. Ou encore par une Léa Salamé - même si Ruquier lui reproche de "booster" les ventes de Zemmour - cette prétendue sainte-nitouche que Canal tient tant à promouvoir comme la "révélation de la rentrée". Cette dernière a  de qui tenir avec un père, Ghassan Salamé, qui fut ministre de la culture au Liban mais surtout, comme beaucoup de ses congénères chrétiens maronites, hélas, antijuif patenté et revendiqué.

samedi 11 octobre 2014

La caissière de Franprix


Un scoop qui vaut la peine d’être relevé : Madame Cécile Duflot refuse qu’on l’assimile à une « caissière de Franprix » …

Cela me rassure, je n’étais donc pas si désobligeant que cela en comparant Madame Duflot à une caissière de Prisunic. Dans une interview récente, l’intéressée se demande tout haut, quant à elle, s’il est vraiment normal qu’elle touche autant d’allocations qu’une … « caissière de Franprix ». Au fond, je n’avais pas si mal visé.
A première vue, l’intention est plutôt louable dans la mesure où l’on comprend que Madame Duflot serait favorable à une mesure gouvernementale qui modulerait le montant des allocations familiales en fonction du niveau de revenu du foyer. D’ailleurs, si l’on me demandait mon opinion – ce qu’on se gardera bien de  faire – je serais moi-même plutôt favorable à cette mesure à condition qu’elle ne s’inscrive pas dans un contexte de « lutte des classes ». Et ce, même si le spectacle d’une Madame Duflot en défenseur (« défenseuse » objecterait l’impayable Sandrine Mazetier) des faibles et des opprimés m’apparait assez surréaliste.

Mais en l’espèce, c’est le sous-entendu qui est signifiant car elle évoque la « caissière de Franprix » non pas pour compatir à sa situation mais pour bien montrer qu’elle n’appartient décidément pas à cette catégorie (sous-catégorie ?) Qu’on se le dise, Madame Duflot ne saurait être comparée à une caissière de supermarché !

Ce qui va de soi reste généralement dans l’implicite et ne se claironne pas aussi ouvertement. Il est vrai que l'implicite et le sens de la nuance ne sont pas forcément les spécialités de cette dame. Donc si cette dernière a éprouvé le besoin de le préciser ... Pour ma part, j'ai longtemps considéré que l’ancienne dame patronnesse des écolos avait un faciès de « caissière de Prisunic »… tout en ayant au passage mauvaise conscience vis-à-vis desdites caissières qui pourraient à bon droit estimer qu’une telle comparaison n'est pas flatteuse pour elles.

Arrêtons donc de tourner autour du pot. Madame Duflot est une de ces personnes publiques dont la vulgarité apparaît aussi insupportable que significative de notre société people d'exhibition permanente. Il en est d'autres comme elle, dont la moindre n'est certes pas Roselyne Bachelot. Vulgarité dans l’apparence avec ses jeans, qu’elle porte du reste avec l’élégance d’un sac de patates, en plein conseil des ministres. Vulgarité dans ses intonations de voix qu’on trouverait aisément chez les femmes de la porte d’à côté, comme disent les Anglo-Saxons. Vulgarité de ne pas éprouver le moindre complexe à être associée à une famille sordide, les Cantat pour ne pas les nommer : un beau-frère, Bertrand, qui est rien moins qu’un assassin sans remords et un compagnon, le frère de Bertrand, qui ne manque pas une occasion de cracher sur notre drapeau et sur les célébrations du 14 juillet.

Vulgarité de Madame Duflot eu égard à sa manière, dénuée du moindre complexe de cracher dans la soupe politique après avoir surabondamment profité des avantages du système. Vulgarité dans sa façon, très tendance post-soixante-huitarde rectifiée baba-cool et même bobo, de rejeter comme « ringardes » ou « réac » les valeurs qui ne sont pas les siennes. C’est d'ailleurs une spécialité maison chez les Verts : on ne discute qu’entre soi – ah, pour ça, on discute en effet - et on jette l’anathème sur tous les autres. Cohn-Bendit n’a pas fait beaucoup mieux dans son récent débat face à Eric Zemmour. Il a eu un de ces arguments qui laissent songeur : « Vous êtes un crétin fini ! » Cohn-Bendit vieillit mal, il avait nettement plus d'humour dans le temps. 

De l'humour, madame Duflot, elle, n'en a jamais eu ce qui simplifie évidemment les choses. Elle se prendrait même très au sérieux, oublieuse que sa bonne fortune politique n'était due qu'à la légèreté de Martine Aubry qui avait cru devoir accorder de généreuses prébendes aux Verts. Mais il n'empêche, pour peu madame Duflot en arriverait à croire qu'elle a été élue sur ses compétences ou sur son charisme.

La vulgarité est une des choses les plus intolérables en cette époque qui offre ce qu’il y a de pire : la facilité dans l’abjection. Cette époque qui n’est même plus capable d'identifier la trivialité et la vulgarité en tant que telles, au fil des obscénités verbales et comportementales qui émaillent notre vie publique et en constituent désormais la normalité. Madame Duflot en est un exemple achevé. Sa remarque sur la « caissière de Franprix » est tout à fait en conformité avec sa "hauteur éthique". C'est pourquoi si d'aventure j'apercevais l'ancienne ministre du Logement – on peut toujours cauchemarder - à la caisse d’un Franprix, je suis sûr que je me précipiterais chez Carrefour.

mercredi 8 octobre 2014

Une conne



"Conne" vient de dire récemment le journaliste Philippe Tesson à propos de la députée PS Sandrine Mazetier : pour n'être pas correct, le qualificatif  est-il pour autant  injuste ?
Evidemment le terme n’apparaît pas d’une élégance extrême. Appliqué à ce cas, il rappelle – horresco referens – une réplique de Belmondo dans L’as des as de Gérard Oury : " si je dis 'con vous êtes' ce n’est pas correct mais c’est juste". Il s’agit bien sûr du comportement stupide, pitoyable, consternant de Mme Sandrine Mazetier qui a cru intelligent de faire infliger une amende à un député UMP ayant eu le malheur de s’adresser à elle, qui présidait ce jour les débats en sa qualité de vice-présidente de l’Assemblée nationale, en lui donnant avec insistance du « Madame le Président ».

Voilà où nous mène un pouvoir socialiste aux abois qui tente maladroitement de dissimuler sa faillite et son impéritie derrière des absurdités prétendument sociétales mais authentiquement navrantes, comme cette terminologie antisexiste imposée à la schlague par une minorité qui entend nous dicter depuis des années le politiquement correct. 

Rappelons à toutes fins utiles que Mme Mazetier est une des pasionarias de cette mode plus que douteuse. Elle a quelque excuse, il est vrai : elle est de ces parlementaires qui n’auraient pas la moindre chance d'échapper à l’anonymat sur leur seules compétences s’ils n’y ajoutaient pas une part de provocation ou de buzz. Cette dame irascible n’a-t-elle pas déposé l’an dernier une proposition de loi visant à débaptiser les « écoles maternelles » pour les appeler « écoles de la petite enfance » ? Est-ce ainsi que l'entendait l’ancien ministre Peillon quand il se proposait, en toute modestie, de  « refonder l’école » ? On peut tout de même en douter.

Quant au député de l’UMP, il aurait donc commis un crime de lèse-majesté. « Une conne » en a conclu le journaliste et chroniqueur Philippe Tesson sur les ondes. Et que Mme Mazetier lui intente un procès si elle l’ose ! Je rêverais de lire un attendu de justice qui exposerait que le substantif, pour être sans doute un peu gaillard, n’en reflète pas moins une réalité aussi tangible que réitérative. Car enfin, cela commence à bien faire avec ces soi-disant révisions en cascade du vocabulaire, vilipendé comme machiste, au prétexte qu’il ne plairait pas à des Femen en puissance. 

Qu'est-ce que ce féminisme à deux balles qui ignore superbement la cause des femmes réduites en esclavage, en pays kurde et ailleurs, mais qui se montre sourcilleux sur le choix des termes et sa conformité à la novlangue ? C'est ce même soi-disant féminisme qui a incité certaines folles à profaner Notre-Dame de Paris dans la parfaite indifférence de notre justice.

Croit-on vraiment qu’une enseignante sera davantage respectée de ses élèves si on l’appelle, dans les formes, « madame la professeure » ? Une romancière sera-t-elle plus reconnue si on la désigne comme « écrivaine » ? Une femme dirigera-t-elle mieux si on l’appelle « cheffe » ? Outre le côté profondément disgracieux de ces expressions, on frise depuis longtemps le ridicule. 

Mais bon, puisque c’est tendance, allons jusqu’au bout de la logique. Je préconiserais pour ma part qu’on féminise aussi, tant qu’on y est « entraîneur ». J’hésiterais un brin, il est vrai, à féminiser « maître-chien ». Mais reconnaissons qu’il serait tout de même savoureux d’introduire la féminisation dans la marine : pour le grade de « premier maître », par exemple. Cette dernière féminisation aurait même pu être introduite à l'Elysée mais, comme dit la pub, "c'était avant" ...

S’agissant de Mme Mazetier, disons plus prosaïquement qu'on se sent brusquement devenir intelligent dès qu'elle ouvre la bouche. On imagine d'ailleurs que, dans deux ans, elle retombera dans les oubliettes de la politique d’où elle n’aurait jamais dû sortir. Restons-en donc sagement à l’apostrophe fort pertinente de Philippe Tesson. Une proposition pour la future majorité de droite à l’assemblée : débaptiser de toute urgence et systématiquement toutes ces inventions ubuesques que tentent de nous imposer à toute force ces gogos. Et tant pis pour les  connes ….