Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

lundi 16 février 2015

La patrie des Lumières ? Ha ! Ha !



Quand Roland Dumas imite Jean-Marie Le Pen et ... reflète une partie croissante de l'opinion publique française

Lundi 16 janvier 2015. Trois ans après l’affaire Merah, un mois après les attentats de Paris, le lendemain des attentats de Copenhague et de la profanation d’un cimetière juif dans le Bas-Rhin : Roland Dumas, nonagénaire, se livre à des considérations sur les origines juives de la compagne de Manuel Valls et sur l’influence que celle-ci exerce sur le chef du gouvernement.

Quelle était belle la Mitterrandie ! Qu’en pensent donc Jacques Attali ou Robert Badinter, pour ne citer qu’eux ? Ils n’en pensent sans doute pas davantage que du copinage passé entre leur président et René Bousquet. On se souvient de la boutade de Mitterrand : pour le droit j’ai Badinter, pour le tordu j’ai Dumas. Ce dernier était pourtant intouchable en raison de son père, résistant, qui fut fusillé par les Allemands. Mais voilà : avoir eu un père mort en héros ne garantit pas qu’on ne sera pas soi-même un pourri. Oh, certes, un pourri avec de l’allure et de l’élégance mais un pourri tout de même.

Au demeurant, gardons-nous bien de faire une fixation sur ce pauvre Dumas qui n’est pas autant à côté de ses pompes – fussent-elles des Berluti – qu’on le prétend. On sait que Dumas a toujours été pro-arabe et qu’il arrive fréquemment que ceux qui ont un tel tropisme dévient sur un antisémitisme du meilleur aloi. L’histoire est pleine d’exemples de ce type et il n’y aurait pas loin à chercher pour en trouver de récents : du côté de l’Institut du monde arabe, par exemple, ou au Quai d’Orsay (y compris d’anciens ministres) voire dans la liste de ces gens irréprochables qui émargent sans complexe chez les Qatari.

Au fond, Dumas dit tout haut, avec l’impunité que confère le grand âge, ce que d’autres pensent tout bas : ceux qui voient la cause du terrorisme dans la guerre que mènent les Occidentaux en Irak ou en Syrie, ceux qui voient dans le terrorisme la conséquence du conflit israélo-arabe. Grattez un peu et vous y trouverez tous les grands classiques de l’antisémitisme.

Au-delà des propos de Dumas, on découvre que nous vivons dans un pays formidable. D’un côté, les pouvoirs publics déclarent courageusement que la place des Juifs français est en France et non en Israël, comme le clame avec une insistance de plus en plus déplacée Benyamin Netanyahu. D’un autre côté, le sentiment antisémite de la masse des Français s’accroît de jour en jour. Une illustration ? Les blogueurs qui représentent l’impensé de toute une société. Il suffit d’établir une statistique sur le site du Figaro, à la suite de l’article sur R. Dumas : sur 106 réactions de blogueurs, 36 approuvaient les propos de l’ancien ministre, soit le tiers. Pas mal pour un pays qui s’autoproclame encore, sans rire, la patrie des Lumières.

mardi 3 février 2015

Oyez, associations !


L'hérésie ne git pas toujours là où l'on s'attendrait à la débusquer. La condamner est un réflexe facile. La comprendre est à l'évidence plus délicat et ... moins gratifiant.

" Il ne faut pas se payer de mots ! C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne.

Qu’on ne se raconte pas d’histoires ! Les musulmans, vous êtes allé les voir ? Vous les avez regardés, avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français !(...) Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français". 

Devinette : qui est l'auteur de ces lignes très "politiquement incorrect" ? Un auteur qui serait à coup sûr condamné aujourd'hui pour incitation à la haine raciale. Un auteur qui serait voué aux gémonies par nos élites, interdit d'antenne ou viré de celles où il officie. Un auteur qu'il ne serait décidément pas convenable de fréquenter. 

Jean-Marie Le Pen ? Ou alors sa petite-fille Marion ? Ou encore Eric Zemmour ? Désolé, vous n'y êtes pas, mais alors pas du tout. Il s'agit du général de Gaulle en personne, tel que le rapporta en son temps Alain Peyrefitte dans le premier tome de son célèbre ouvrage de Mémoires C'était de Gaulle (je ne résiste pas à la malice de vous livrer la référence complète : C'était de Gaulle, Paris, Editions de Fallois - Fayard, 1994, p. 52).

Et encore, je vous ai fait grâce de la suite qui était d'une espièglerie tout aussi gouailleuse :

" Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Eglises mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! » 

Je suggère à nos associations tout terrain - je veux parler en priorité de l'impayable SOS Racisme, même si elle se fait payer fort cher sur de l'argent public, de l'inénarrable Ligue des droits de l'homme, à ne pas confondre avec celle de l'Affaire Dreyfus, ou encore de la LICRA - de traîner l'éditeur en justice ... tout comme le CRAN n'avait pas craint le ridicule de porter plainte contre l'éditeur de Tintin pour cause de racisme de la bande dessinée.

On peut bien taper sur les Le Pen, à plus forte raison sur Zemmour. Mais de Gaulle, cette légende, cet intouchable ? Que faire ?

Je laisse ces associations à leur dilemme tragi-comique. Pour ma part, je reste fasciné comme tant d'autres par ce personnage hors normes qui était l'archétype de l'homme d'Etat, en un temps où nous en manquons si cruellement. De Gaulle avait de la vision, lui reconnait-on unanimement aujourd'hui. Sa vision l'incita ainsi à se débarrasser de l'Algérie. Pour faire sa "grande politique" internationale, précisent certains bons esprits. Sans doute mais pas seulement. De Gaulle nourrissait surtout une certaine idée de la France. Sa France éternelle et son "peuple qui vit", dont il voulait tout simplement qu'il continue à vivre et n'en arrive pas à se demander un jour comment il pourrait survivre. 

Autres devinettes (seulement pour ceux qui auraient gagné la première) :  qui a autorisé le regroupement familial ? Quels sont ceux qui ont déclaré que l'immigration était une chance pour la France ? Je vous livre tout de même une piste : cette fois, ce n'est pas de Gaulle !