Trop c'est trop ! Les critiques excessives qui s'abattent tous azimuts sur Donald Trump visent à lui ôter toute légitimité en attendant de prétendre écourter son mandat.
Il est des défaites qui sont décidément
difficiles à digérer. Les démocrates américains en sont là. Trois mois après la
déconvenue présidentielle de madame Clinton, ils ne décolèrent pas et
multiplient manifestations et réactions envers son vainqueur. Les provocations
aussi, d’ailleurs, qui ont débuté bien avant la signature du premier décret du
nouveau président et même avant son inauguration officielle au Capitole.
De mauvais perdants ? Cela ne fait guère
de doute. Mais ce n’est peut-être pas l’essentiel car ces opposants irréductibles
n’hésitent pas à se livrer à un jeu qui pourrait s’avérer dangereux pour la
nation tout entière. Certes Donald Trump a été plutôt mal élu mais, sauf
erreur, il a été tout de même élu régulièrement. Il a obtenu moins de voix
populaire que son adversaire malheureuse mais ce n’est guère la première fois
que cela se produit dans une élection présidentielle américaine. L’élection du
candidat républicain reste tout ce qu’il y a de légitime. S’il avait existé
le moindre doute à ce sujet, imagine-t-on que les détracteurs de Trump se fussent
privés de la moindre contestation en justice ?
Malgré tout, les opposants à Trump continuent
leur guérilla qui va de manifestations de rues plus ou moins maîtrisées à des
éditoriaux au vitriol. D’aucuns estimeront que c’est leur droit le plus strict de
manifester et qu'il n'y a pas lieu de les quereller sur ce point. Pour autant où tout cela
peut-il mener ? A une modération de la politique annoncée par Trump tout
au long de sa campagne ? La perspective en est peu probable, quand bien
même le nouveau président a déjà été saisi par un certain
« pragmatisme », comme on dit élégamment pour désigner un revirement.
A une remise en cause des institutions américaines ? La menace n'est pas à négliger.
Ici comme ailleurs, il faut se méfier de ces
gens qui croient pouvoir se permettre toutes les outrances au nom des soi-disant
« valeurs » de la démocratie. La démocratie, ce sont certes des
valeurs – dont nul, soit dit en passant, ne peut se prétendre le dépositaire
exclusif - mais aussi accessoirement des règles. Or la règle première, dans
toute élection démocratique, est la reconnaissance par les perdants de la
légitimité de la victoire, fût-elle ténue, de leurs vainqueurs. Il en a notamment été ainsi en
2000 lorsque le démocrate Al Gore avait reconnu le succès, quoique controversé, de son
adversaire républicain ou encore, plus loin dans l’histoire, en 1960 lorsque
Nixon avait reconnu la victoire de JFK alors même qu’il aurait pu s’estimer
légitimement volé par ce résultat.
Soyons clairs. Trump peut bien tout à la fois gêner, choquer,
effaroucher voire écoeurer. Il n’en demeure pas moins le détenteur du pouvoir
légitime, sauf à courir le risque que soient entachées les consultations
présidentielles à venir. Bien sûr, l’opposition doit conserver la possibilité de s’exprimer
et de contester mais dans le cadre des modalités prévues par la Constitution : au Congrès
ou dans l'exercice de libertés fondamentales à condition évidemment que celles-ci demeurent compatibles avec l'ordre public.
Or, répétons-le, les opposants à Trump jouent
un jeu extrêmement périlleux en dramatisant à outrance la situation, qui est
regardée comme un danger absolu, et en diabolisant le personnage. Comme s’il
fallait pousser à la faute, le nouveau président dont on connaît par ailleurs
le tempérament sanguin. Ou comme s’il fallait apporter la confirmation, contre toute
évidence, d’une marche de l’Amérique vers la dictature. Michel Audiard l'avait écrit, dans un de ses dialogues de film : dans tout mauvais coup politique, il y a
une république ou la démocratie à sauver...
Que Trump soit d’une complexion plutôt
abrupte et d’un commerce assez peu agréable voire franchement vulgaire et qu’il
renvoie une image moins valorisante que son prédécesseur Barack Obama est une
évidence. Mais quel est l’intérêt de tout ce tombereau de critiques excessives déversées
quotidiennement par la presse libérale c’est-à-dire de gauche ?
A suivre cette presse qui lui est ouvertement
hostile mais qui se donne volontiers en exemple, Trump n’aime pas les livres et
déteste la poésie : s’agirait-il là d’un nouveau critère pour prétendre
à la Maison Blanche ? Et du reste, dans le passé, Truman,
Eisenhower, Johnson, Ford, Reagan, sans parler de « W » Bush,
étaient-ils à proprement parler des littéraires ? A considérer d’autres
critiques, Trump a un comportement exécrable envers les femmes … à ceci près qu’on
n’a jamais entendu dans un passé récent les féministes dénoncer avec autant de vigueur le comportement
autrement répréhensible d’un Bill Clinton, sans parler de l’hypocrisie foncière
de son épouse. Pour couronner le tout, on fait à présent de Trump une sorte de « cas
psychiatrique », ce qui avait été déjà le cas de Richard Nixon, lui aussi
avili méthodiquement au quotidien par la presse libérale. La conclusion n'en est que trop limpide : les fous on les enferme mais on ne saurait discuter avec eux.
En fait, ces élites montent de la sorte aux
extrêmes parce qu’elles demeurent surprises par la victoire de Trump et n’ont
aucune idée de la manière de le combattre classiquement. Il est vrai que le
nouveau président dispose d'une majorité au Congrès et se trouve en passe d’en détenir
une à la Cour Suprême. Alors on transforme le président en une sorte de fou furieux ;
ou encore, on envisage dès à présent la possibilité d’ici deux ans – dans l’hypothèse
où la majorité au Congrès basculerait de nouveau en faveur des démocrates – d’engager
une procédure d’impeachment. On en
connaît presque déjà le motif avec les prétendus conflits d’intérêt de Trump. Gageons que des équipes sont déjà à l'oeuvre pour préparer des dossiers et dégager des motifs d'inculpation.
Tout à leur frénésie haineuse, ces opposants refusent obstinément de
voir la réalité en face : à commencer par le fait que le succès électoral
de Trump résulte prosaïquement du rejet fondamental par les électeurs
américains des élites incarnées par Hillary Clinton et par le fait, non négligeable, que ce même succès traduit aussi a contrario un désaveu au moins partiel de la
politique de Barack Obama.
Quel crédit accorder à ceux qui n’hésitent
pas à instiller, jour après jour, la stratégie du pire à l’instar de ces
éditorialistes du New York Times qui
n’ont rien appris ni retenu de l’élection et continuent leur œuvre de
démolition comme si de rien n’était ? A les croire, le nouveau président
se tromperait systématiquement sur tous les plans : sur le choix de son
équipe ; sur sa position envers Israël, alors même qu’Obama, le dernier
jour de sa présidence et contre tous les usages, n’a pas hésité à débloquer un
crédit de 221 millions de dollars en faveur des Palestiniens ; sur sa
politique européenne, comme si tous les présidents américains depuis au moins
Kennedy n’avaient pas travaillé à affaiblir l’union du vieux continent ;
ou encore sur sa politique envers la Chine, jugée trop agressive comme s’il
fallait en toute occasion et au nom d’une paix à préserver s’incliner devant
toutes les exigences et prétentions de Pékin.
Faisons tout de même un sort particulier à un de ces critiques
parmi les plus virulents, le columnist
vedette Thomas Friedman. A travers ses éditoriaux, il n’a aucune gêne à se faire l’arbitre
péremptoire du juste et de l’injuste, du correct et du vulgaire sinon du vrai
et du faux. Sans doute se croit-il le mieux placé pour s’y employer. Mais qui s’en
souvient encore ? Il y a près d’une quinzaine d’années, cet infaillible M. Friedman vomissait
la France de toutes ses forces parce qu’elle osait contredire l’Amérique sur la
réalité d’armes de destruction massive irakiennes ...