De
notre beau pays, les termes de "voyou", d'"islamisme" ou de
"terrorisme" sont obstinément absents. Aurait-on la naïveté de penser
qu'en niant ces termes, on occultera également les phénomènes qu'ils
désignent ?
On
savait déjà que la France était un pays à nul autre pareil au regard de
son histoire, de sa culture ou encore de sa situation géographique.
Mais on ne savait pas encore jusqu’à quel point.
On observe à présent qu'à la différence de tous les autres pays de la planète, la France ne connaît
ni la délinquance ni les voyous qui la propagent. "Voyou" est devenu, en
effet, inconnu du vocabulaire en usage auprès de nos pouvoirs publics
comme de nos médias. Chaque fois – c’est-à-dire, en fait, tous les jours
– que se produit un « incident » du genre automobiles incendiées ou
policiers agressés voire expéditions punitives contre des commissariats,
les commentaires se bornent à parler de « jeunes » (entendez
phonétiquement « djeunes », cela fait plus culturellement folklorique).
Qui
sont donc ces jeunes, dont on ne contestera évidemment l’âge mais dont
on pourrait tout aussi légitimement se demander qui ils sont ? Alors là,
pas la moindre chance, c’est le mystère absolu. La loi interdit du
reste de les nommer ou de mentionner leur appartenance communautaire. Il
serait pourtant intéressant de le savoir. Notez que, pour en avoir une
réponse édifiante, il suffit de mettre un pied dans un palais de
justice. Que découvrirait-on dans les prétoires ? Je vous en laisse la
surprise que je ne puis hélas déflorer sous peine de tomber moi-même
sous le coup de la loi. Pour ne pas en avoir tenu compte, Eric Zemmour
fut traîné, il y a peu, devant les tribunaux (comme le fut tout aussi
bien Georges Bensoussan) et reste aujourd’hui harcelé sans relâche par
une bien-pensance revancharde qui n’a de cesse qu’elle ne le fasse
interdire d’antenne quand elle ne l’empêche pas simplement de
s’exprimer. Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! ainsi que le
clamait autrefois celui qu’on surnommait l’« incorruptible » et à qui
l'on doit la Terreur révolutionnaire.
Donc,
aucune mention de « voyous » dans nos médias et a fortiori pas de
« racaille » n’en déplaise à un de nos anciens présidents qui, il y a
quelques années, en indigna plus d'un pour avoir simplement exprimé des
velléités de "karcher" à ce sujet. On en déduira logiquement que la
France est épargnée par la délinquance. Gageons que notre pays de
cocagne est tout autant préservé de l’islamisme, un autre tabou que
personne aujourd’hui ne s’aviserait sérieusement de transgresser. Pour
avoir simplement osé mentionner le terrorisme islamique au détour d'un
discours, Manuel Valls, qui était alors chef du gouvernement,
doit encore s’en souvenir. L’islamisme n’existe pas, qu’on se le dise,
et à plus forte raison l'islamo-fascisme ! On est même sommé de les
extraire de notre terminologie quotidienne. Pas d’amalgame avec l’islam,
que diable ! des fois que certains esprits espiègles en aient l’idée.
Pas
d’islamisme mais pas de terrorisme non plus, apparemment. Au lendemain
des attentats de Barcelone, notre ministre de l’intérieur ne parlait-il
pas d’« événement exceptionnel » ? Il est vrai que ceux qui
s’attendraient à enregistrer un attentat à la voiture-bélier chaque jour
en seraient pour leurs frais. Evénement exceptionnel donc. Pas
d’affolement, bonne gens ! CQFD. Pourtant, que répondre à ceux qui
estiment que nous devrons désormais nous habituer à vivre avec le
terrorisme ?
Au
demeurant, on n’emploie même plus le terme de « terroristes » à la
radio ou sur nos prétendues chaînes d’info : vous entendrez plus
volontiers à la place le nouveau vocable d’« assaillants » agréé et
estampillé par la nov’langue. Ayons l’impertinence de consulter
le Petit Robert à ce sujet. On y lira : « Personne qui assaille,
attaque ». Sans doute sommes-nous dans ce cas de figure. Le vénérable
dictionnaire a tout de même soin de mentionner à titre d’exemple
« l’armée assaillante » ou encore « les soldats assaillants » donnant
ainsi l’idée d’une armée plus ou moins organisée dans une guerre plus ou
moins classique. La conséquence en est limpide quoique subliminale :
que ne s'en était-on déjà aperçu, les assassins du Bataclan et de la
Promenade des Anglais étaient tout bonnement des « soldats », comme
d’autres avant eux à l'occasion de ces guerres qui peuplent nos manuel
scolaires ; quant à leur cause, on présume raisonnablement qu'elle en
vaut bien d’autres, relativisme oblige. Des soldats et des causes que,
pour peu, on tiendrait pour respectables. Perdu ou non, un soldat mérite
en effet le respect au même titre que la cause qu’il défend (d'où la
substitution insidieuse du vocable de « défense » à celui
d’« agression »).
La
conclusion ? La France ne connaît pas plus le terrorisme que la
délinquance, pour la bonne raison qu'il n’y existe point de terroristes.
Désolé pour les victimes, il faut croire que les récents attentats de
2015 et 2016 n'étaient que de simples malentendus. Quant à Mohammed
Merah, il n'a jamais été un meurtrier odieux auprès des « quartiers » que
persiste à cajoler une certaine gauche mais bel et bien un héros
authentique, quasiment une légende.
La
preuve par neuf de ce que la France n’est décidément pas un pays comme
les autres ? A Barcelone, les médias parlaient de terrorisme aussitôt
après la perpétration de l'attentat. Hier à Marseille, quelques minutes
seulement après la mort d’une personne écrasée dans un abribus par une
voiture assassine, le Procureur de la République s’est empressé
d'exciper d'un « cas psychiatrique » n’ayant évidemment rien à voir avec
le drame de Barcelone … pour le cas où des esprits malveillants
auraient pu nourrir de mauvaises pensées. Aujourd'hui même, Gérard Collomb a précisé qu'un tiers des fichiers de radicalisation relèvent de la psychiatrie. Sous-entendez : ces gens-là souffrent, il faut les aider. Leurs victimes ? Bah ! Des dommages collatéraux et voilà tout. Bien sûr que, parmi les terroristes, se trouvent une foultitude d'individus désaxés ou dérangés mentalement. Ne faut-il pas l'être pour épouser la cause du djihadisme ? Mais voilà, il ne s'agit pas de simples fous mais de tueurs. Et le fait de mettre en avant leur état psychique est déjà un début de théorie de l'excuse.
Il est tout de même étrange qu'aucun pays européen touché par le terrorisme ne se soit risqué à mettre en avant la dimension psychiatrique des meurtriers. C'est à croire que les fous ont fait de la France une terre d'élection. Jusqu’où va l’exceptionnalisme
français, tout de même !
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