Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

samedi 2 septembre 2017

De l’aristocratie en football




En football comme en d'autres domaines, s'attaquer aux puissants suppose une prise de risque et laisse le champ libre à l'impudence verbale des sots.
 
La bêtise, reconnaissons-le, c’est bel et bien Michel Platini qui l’avait commise au temps où il était président de l’UEFA (Union européenne de football). Ambitionnant alors de laver plus blanc que blanc (on sait ce qu’il est advenu du personnage entretemps), il n’avait pas hésité à révolutionner le système en place en instaurant le « fair play financier ». L'exemple même de la fausse bonne idée.
 
En apparence, que du bonheur comme dirait l'autre avec, en prime, une certaine obsession égalitariste que d’autres expriment avec tout autant de sectarisme utopique en d’autres domaines. L’idée étant ici qu’il faut que les chances des clubs de football soient égales du point de vue budgétaire et que mes recettes soient en équilibre vis-à-vis des dépenses. Avis donc à ceux qui veulent jouer aux riches avec trop d’ostentation. Fort bien, répétons-le.
 
Toutefois, l’ennui est que les clubs déjà les plus riches qui ne se gênaient pas dans le passé pour recruter à prix d’or quitte à s'endetter parfois très lourdement -de plusieurs centaines de millions d’euros pour certains d’entre eux), comme le Real Madrid, Manchester United ou le Barça (F.C Barcelone), ne sont pas concernés, pour leur part, par ces nouvelles dispositions. Quoique exorbitant, leur endettement n'en remonte pas moins à plusieurs années déjà et le fameux « fair play financier », n'étant évidemment pas rétroactif, ne s'applique pas à eux. 
 
En sorte que la bagarre à laquelle nous assistons actuellement entre les gros clubs européens déjà installés et au palmarès bien garni, d'une part, et le Paris Saint-Germain, d'autre part, s’inscrit dans une logique dont il ne faut pas être dupe : celle par laquelle les vieux aristocrates nantis s’opposent par tous les moyens à l’arrivée dans le cénacle des privilégiés d’un manant importun à savoir le qatari, version actualisée du bourgeois parvenu.
 
Cornaquée par ces grands clubs, ceux-là même dont l’endettement pharamineux devrait inciter à plus de décence, l’UEFA obtempère servilement aux injonctions et vient de décider une enquête approfondie sur les transferts opérés par le PSG durant l’été. Parmi les plus agressifs envers le club parisien figure le Barça, bien sûr, déconfit d'avoir vu une de ses pépites, Neymar Jr, lui échapper (après avoir cru qu’il serait préservé par la clause draconienne de 220 millions d’euros qu’il avait unilatéralement fixée pour se prémunir d'une telle déconvenue) alors que c'est ce même Barça qui avait pris l'habitude de dépouiller chaque année les autres clubs de leurs stars. L'arroseur arrosé, donc. Surtout, les Catalans ne digèrent pas d'avoir piteusement échoué, pour ce qui les concerne, à débaucher du PSG des joueurs vedettes comme Angel Di Maria et surtout Marco Verrati. Le Real Madrid, quant à lui, n'admet toujours pas (malgré l'aura de Zidane) de s'être laissé souffler Kylian Mbappé, la star montante du football français, par Paris.
 
Il faut toujours redouter la revanche des puissants et, notamment, ne jamais mésestimer le poids des rancunes et de la mesquinerie. Car enfin, le PSG ne fait somme toute que reproduire ce que font, depuis des lustres, les grands clubs installés. Qui avait crié au scandale lors des transferts mirifiques pour l’époque de Zidane, de la Juventus Turin au Real Madrid (en 2001 pour 73,5 millions d'euros), de Cristiano Ronaldo, de Manchester au Real (en 2009 pour 94 millions d'euros), ou encore de Paul Pogba, de la Juventus à Manchester (en 2016 pour 105 millions d'euros) ? Qui avait osé s’interroger sur les conditions budgétaires dans lesquelles le Real Madrid, il y a près d’une vingtaine d’années, avait constitué sa fameuse « dream team » ? D'où venait l'argent ? Il est vrai que "c'était avant" ...
 
Non, on préfère avec une mauvaise foi évidente s’effaroucher aujourd'hui des capacités financières du PSG. S’agissant des grands clubs dont la suprématie se trouve à terme menacée pour peu que d'autres clubs ambitionnent de jouer dans la cour des grands, on peut à la rigueur le comprendre. Ce qu’on comprend moins, en revanche, ce sont les idiots utiles qui, en France, viennent à la rescousse de ces puissants. Ainsi de l’inénarrable président de Lyon, Jean-Michel Aulas, qui ne perd décidément aucune occasion de se taire. Au fond, Aulas n’a toujours pas admis que son club ait cessé de dominer le football français, et que lui-même ne puisse plus continuer à jouer les donneurs de leçons comme il le faisait dans les années 2000. Dans le passé, il avait déjà intenté un mauvais procès à Monaco au prétexte que ce club n’était pas français « pur sucre » et ne pouvait donc pas prétendre disputer le championnat de France. Le Conseil d'Etat lui avait donné tort in fine. Voici à présent que M. Aulas récidive, avec l’aide cette fois du journal L’Equipe qui fait mine de déplorer les transferts du PSG, comme s'il ne connaissait pas d'expérience le dessous des cartes. Aujourd'hui même, le quotidien sportif n'a pas résisté à la tentation de titrer avec gourmandise à la "une" : « Paris joue gros ». Comme si, en subliminal, il appelait de ses vœux une mise au ban des Parisiens.
 
Si jamais telle catastrophe devait advenir – ce qui n’est pas à exclure malgré les règles de droit – nul doute que la stupidité inconsciente de quelques-uns rejaillirait négativement sur le foot français dans son ensemble. D’ailleurs, L’Equipe n'en est pas à son coup d'essai. Qui ne se souvient de sa campagne outrageuse et de ses charges insultantes, durant les premiers mois de 1998, contre le sélectionneur de l'équipe de France, un certain … Aimé Jacquet ? 

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